Entrevue entre le Prince Zabrücksi et le Grand-Duc

L'on annonça l'arrivée de Monsieur le Prince.

- Qu'on fasse entrer ce cher enfant !

Le Grand-duc termina en toute hâte son Von Felgenheim, de cette délicieuse sauce Cézar tomber sur l'uniforme couleur kaki de le petite tenue de Feld-maréchal qu'il portait à l'ordinaire. Ne souhaitant changer ce qu'il avait à peine porté, il eu d'abord bon espoir de l'essuyer, au lieu de cela constitua une tâche plus énorme qu'elle ne devait l'être, l'étalant avec talent. Puis, non résolu de changer de tenue, il prit le parti de laver cela avec de l'eau, la tache était tenace, est désormais avait doublé de volume, laissant la veste mouillé, et la cochonnerie remarquable. Le Prince était déjà là.

Franz entra prestement.

- Ah Sire ! Mes hommages !

S'agenouillant pour baiser la bague de son souverain, il remarqua sur la tenue de celui-ci plusieurs vestiges de son repas. Il put identifier au moins une dizaine de sauces. Ah ça, le Von Felgenheim tachait.

S'ensuivit une discussion assez informelle entre les deux hommes. Le Prince raconta qu'au Von Felgenheim de la Couronne, un bougraud avait eu l'idée d'instaurer un service en salle. Le Grand-Duc s'en montra choqué, et communia, avec une haine peu zorthodoxe, dans le mépris de ce personnage. Il promit d'en toucher deux mots au Comte Felgenheim pour qu'il fasse cesser ce scandale.

A cet instant, Marialyn de Zollernberg passa distraite dans la pièce et Louis fit mine de changer de sujet et se montra extrêmement passionné par la crise politique de Westernhalen, à la grande satisfaction du Prince qui tenta alors de lui exposer que seule la dissolution de la Chambre permettrait d y mettre fin.

Le Grand-duc en expert avisé de la politique, voilà dix-sept ans qu'il régnait sur le pays. Certes cela ne valait pas les soixante douze ans de règne de Frédéric Guillaume, ni même les quarante huit années de règne de François-Joseph III, mais enfin il avait acquis une expérience certaine dans la résolution des crises politiques. Aussi avait-il quelque idée sur la suite des évènements. En bon souverain, il laissa son interlocuteur exposer son propos, "poser ses couilles sur la table" ainsi que l'aurait dit un soldat de l'infanterie dont il était issu.

- Nous vous écoutons avec attention Monsieur le Prince

Le jeune Zabrücksi avait semble-t-il l'enthousiasme de la jeunesse et ses exagérations. En bonne âme, le Grand-duc relativisa

- Je ne fais pas un aussi noir tableau que vous Monsieur le Prince. Certes, le duc de Wilhelstein s'est montré maladroit dans ses déclarations, mais je mets à son crédit d'avoir su prendre les bonnes décisions au regard de l'armée et de s'entourer d'excellent subalterne. Le Grand-duc fit un clin d'œil à Monsieur le Prince qui fut surpris de la familiarité. Je sais que vous êtes l'artisan de notre retour diplomatique. Le traité avec la République Populaire de Valdisky est un succès et je vous en félicite.

Le Grand-duc fit une pause, le Prince, réflexe de courtisan, se redressa fier du compliment.

Je partage votre point de vue sur votre élection récente à la Présidence du Parlement. Ce n'est cependant pas une situation inédite, Monseigneur de Hohenlohe, fut en son temps, il y a de cela plusieurs décennies, président conservateur d'une chambre libéral. Cependant mon gouvernement a subi un désaveu de sa propre majorité. Il ne m'appartient pas d'en tirer les conclusions à la place de mon Premier Ministre. Je ne pourrai dissoudre la chambre et convoquer de nouvelles élections générales qu'à sa demande. Pour l'heure, je vous demande, de bien vouloir faire voter les textes relevant du droit international, afin de ne pas ralentir la mise en application des traités qui nous lient à nos partenaires internationaux.