Arrivée d'un homme simple

par Monseigneur de Lambal Jeu 13 Mar 2014 - 2:21

L'homme qui descendait du train en provenance de Khoryl, d'ou il avait transité depuis la Maurésie, semblait des plus affables et des plus doux. Le col romain de son costume, non la soutane, mais un discret et sobre costume de ville, laissait trahir un état ecclésiastique. Sa croix pectorale discrètement placé sous ses habits, l'anneau qui le liait jusqu'à sa mort au diocèse dont il avait été le titulaire était autant de signe de sa dignité épiscopale qui ne trompait l'œil du zollernois averti. L'humble prélat fit pâlir le fonctionnaire des douanes lorsqu'ils pris connaissance de l'identité de son interlocuteur en lui demandant ses papiers avec la rude délicatesse des agents des douanes. D'évêque, il s'agissait d'un archevêque, primat de surcroit, comte en plus de cela, et prince zollernois.

Cet homme qui rayonnait de bonté et la piété, pratiqué l'humilité de cœur et la charité d'âme, n'était nul autre que le Prince Charles, Comte en Zollernberg, archevêque - désormais émérite - de Philippeville, qui s'en venait prendre en Zollernberg sa retraite. Il était le premier des fils de Son Altesse Sérénissime la Princesse Mathilde de Cobourg-Nassau, princesse du Sang de Zollernberg et de son époux le comte Philippe de Lambal dont il avait hérité du titre. Aîné d'une famille de la noblesse maurésienne, sa vocation et son caractère l'avait poussé à choisir, en toute liberté, un sacerdoce qu'il aimait avec passion. L'éméritat qui signifiait sa retraite était pour lui un crève-cœur. S'il quittait à regret son diocèse et sa charge pastorale, il se sentait encore à quatre-vingt-huit l'âme missionnaire et choisissait de passer au Zollernberg le crépuscule de sa vie, qu'il voulait encore riche en rencontre et en découverte, amoureux qu'il était des gens et du spectacle de la Création.