Projet de loi de l'interdiction du travail des enfants avant quatorze ans.

- Monsieur le Ministre Lemberg, vous êtes appelés à la tribune.

- Monsieur le Président, Messieurs les députés.

Mon gouvernement s'est fixé comme objectif de protéger la famille. Elle est la première cellule de la société. Dans les pays où la famille et ses droits sont bafoués, on ne compte plus les indices de dépravation de mœurs, l'agonie des valeurs traditionnelles.
La famille doit être protégé, parce que la famille protège l'enfant. Et qu'est ce que l'enfant ? L'enfant, c'est l'avenir du Zollernberg.

Un député originaire des monts perdu des Zavonifères glissa à son voisin.
- Ce qu'il nous ennuie cette andouille ! Tout le temps, la décadence, hein. Fallait-il qu'il épouse une beautée si c'est pour venir nous emmerder avec ces carabistouilles !

- Il est plus intéressant d'avoir une jeunesse éduqué que d'une jeunesse brisé par la travail intensif alors même que les corps ne sont pas à maturité. Mon gouvernement a rendu à l'Église le droit et les moyens d'éduquer le futur Zollernberg. Rendons-lui aussi ses élèves.

Messieurs, je vous propose le projet de loi suffisant :

Article Ier : Le travail de l'enfant est désormais interdit avant ses quatorze ans.
Article 2nd : Le travail de l'enfant de quatorze à vingt-et-un ans est désormais limité à neuf heures par jour.
Article 3eme : Toute infraction aux articles précédents sera passible d'une amende pouvant s'élever jusqu'à 100 LZ par tête.

La baronne de Forzinger demanda la parole, se leva lentement et, appuyée sur son pupitre, tint les propos suivants :

"Messieurs les députés, monsieur le Ministre,

Je suis une vieille femme aujourd'hui mais je n'ai pas oublié à quel point la jeunesse est importante pour notre nation et à quel point ces jeunes pousses, vigoureuses mais aussi tendres et fragiles, ont besoin d'être protégé. C'est pourquoi, à titre personnel, mais je pense qu'aucun membre de mon parti n'ira contre cet avis, je voterai cette proposition de loi avec enthousiasme et j'invite tous mes amis libéraux ainsi que tous les Hommes de progrès à faire de même. C'est une loi qui honore votre gouvernement. Je vous remercie."


La baronne se rassit tandis qu'un jeune libéral murmurait entre ses dents : "Elle aurait au moins pu nous consulter l'ancêtre!" "Elle bénéficie du privilège de l'âge, mais ça ne durera pas, n'ayez crainte" lui dit son voisin. "Que tu dis! Moi je crois qu'elle est increvable. Pour le meilleur et le pire."

Il y eut des applaudissements à gauche comme à droite, fait relativement rare en cette honorable assemblée.
Le jeune député nationalizte du Zabruck,Meier, commenta pour son voisin.

- Ah, parce qu'elle a été jeune un jour la vieille bique ?

Schlesien, président de la Chambre et directeur des débats prit la parole.

- Fort bien Madame. Passons aux votes. Pour ou contre le projet gouvernemental ?

Une partie importante des libéraux votèrent en faveur du projet de loi, une partie d'eux s'en abstint cependant. Il était difficile de se prétendre de l'opposition et de voter les projets de loi gouvernementaux, des projets qui plus est inscrit en toute lettres dans le programme nationalizte.
Mise à part quelques exceptions prêts -comme deux ou trois députés, industriels véreux mécontent d'être privé d'une partie de leur main d'œuvre- la coalition gouvernementale vota en faveur du projet de loi.

- A 458 voix contre 72, je déclare le projet de loi adopté ! CLAC !

A la petite faction libérale qui murmurait contre la Forzinger et son soutien au projet de loi du gouvernemental, cette dernière fit passer une simple petite feuille pliée en quatre, avec ces quelques mots :

"A mon âge, seule l'Histoire me juge. J'ai fait le choix du coeur là où vous fîtes celui du calcul.

G-M de F."