(Palais) Réception de l'ambassadeur du Saint-Empire près Son Altesse Royale

Honoré-Théodore suivit les pas du Chambellan, l’air calme et pourtant appliqué. L’aisance des avarois en face d’un cérémonial même très chargé était bien connue, quelle que soit d’ailleurs la valeur de son sang titré. Notre homme n’eut pas le temps de penser à Élizabeth, restée à l’Hôtel de Fleury pour organiser un souper privé, car on venait déjà de l’annoncer solennellement au jeune Grand-Duc.

- " Votre Altesse. "

Le Comte effectua une lente révérence puis présenta ses lettres de créance. Il attendit les premiers propos du souverain à son égard, les princes du monde ayant par tradition toujours l’initiative de la conversation.

Voilà donc l’épouse du Grand-Duc, née en Edoran, accompagnant son époux dans sa première cérémonie officielle en qualité de souverain. Les mandataires ne manquèrent pas de la saluer courtoisement. Quelques pas en retrait de l’entrevue se trouvait l’un des attachés en charge des arts, charge discrète mais pourtant indispensable dans la culture avaroise. Il devait dessiner la scène sous des traits fins et noirs afin de l’immortaliser à jamais, puis envoyer le croquis aux grands peintres de Nouvelle-Alexandrie qui s’en inspireraient pour créer une représentation des plus admirables du moment. Pendant ce temps, Honoré-Théodore adressait une réponse à son hôte.

- " Sire, notre flottille ne rencontra point d’encombre malgré la distance du voyage. La capacité des états du nord effraie les turcoses, et même le plus intrépide pacha n’oserait venir s’approcher des eaux zollernoises.

Nous tenons en outre à remercier Votre Maison pour l’accueil qu’Elle nous fit et les murs qu’Elle mit à la disposition de notre représentation ; en l’espèce l’Hôtel de Fleury, résidence emblématique dans l’esprit des diplomates que nous sommes.

Souhaitons et œuvrons, Votre Altesse, pour la concorde entre nos états jusqu’à la fin des temps. Les thèmes internationaux du moment souligneront assurément les convergences et la complicité naturelle entre nos puissances. "

Les échanges de civilités se poursuivirent puis vint le temps de l’audience privée avec le Grand-Duc. Les ronds-de-cuir avarois se retirèrent, comme le reste des invités, et l’on discuta d’affaires courantes en comité réduit comprenant le cabinet. Une fois ceci fait, l’ambassadeur alla se joindre aux autres plénipotentiaires régulièrement présents à la Cour. Il lui fallait visiter les lieux et se mettre à jour des rumeurs du moment. Le soir tombant, il retourna rejoindre son épouse dans sa nouvelle demeure.