Maison Flum - 58, Rosenstraße

par Edgar Flum Ven 29 Jan 2016 - 16:41

Journal intime - Vendredi 29 janvier 2015

« Si certains ont pu me reprocher les sanctions appliqués à l'encontre du Comte Wittgestein, je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »

L'auteur, Edgar Flum, releva sa plume, se redressa et s'étira. Il promena son regard sur son bureau. Il avait fait récemment l’acquisition de cette maison typiquement whilelstaufenoise. Journaliste de son état, notre homme avait réussi et approchait sereinement de la trentaine. Edgar relut un instant son passage et hocha la tête de satisfaction. Se faisant, il replongea dans ses souvenirs.

Après avoir fait ses humanités, il avait passé son brevet de journaliste. Après quelques années perdues dans un journal sportif à suivre l'actualité du FC Zabruck Zollenheim et du FC Hansa Zotterdam, les deux géants du football zollernois, notre homme avait pu travailler de sa passion.

Dès ses études, il avait été attiré par le journalisme d’investigation. Edgar pensait que les gens avaient le droit à la vérité. Un gout pour l'aventure, les enquêtes, le Vrai, une fâcheuse obsession à déterrer les affaires enfouies associé à une solide tendance à se mêler de ce qui ne le regardait pas l'animait.

Quasiment apolitique, Edgar attaquait conservateurs et libéraux à parts égales selon leur gabarit et prenait un plaisir un peu malsain à briser les carrières immérités. Il frémit d'excitation en repensant au brio avec lequel il avait confondu et démasqué le Comte Wittgestein. Des bruits couraient sur ce bourgmestre PCZ du Kolstein, la région natale d'Edgar. Le journaliste avait patiemment mené son enquête. Le sujet était sensible, des pressions avaient été exercés sur lui, mais après avoir recoupé les faits et recueille des informations de manière légale ou de manière un peu plus douteuse, Edgar avait fait éclater la vérité dans un article incendiaire. Le bourgmestre versait d'importantes sommes d'argent à ses fidèles politiques sous couvert d'emplois fictifs. Le PCZ local avait été sérieusement ébranlé. Le bourgmestre condamné par la justice et exclu par son parti. L’article dénonçant le détournement de fonds publics désormais pieusement encadré au dessus de son bureau. Et la réputation d'Edgar était faite.
Le surlendemain, le directeur du cabinet du Zozolulu Zun pour la capitale lui proposait un emploi grassement rémunéré avec toute latitude pour lui fournir d'autres papiers de cette teneur.

Edgar avait sauté sur l'occasion et avait rejoint la capitale déterminé à travailler sur des "affaires" de la plus haute importance.

par Edgar Flum Sam 30 Jan 2016 - 16:31

Les bureaux de la capitale du Zozolulu Zun bruissait de leurs activités habituelles. Correspondants, localiers et pigistes sous pression couraient en tout sens encouragés en cela par leurs chefs qui vociféraient leurs ordres dans l’atmosphère enfumé des salles de rédaction.
La porte du rédacteur-en-chef s'ouvrit, et Edgar rentra dans le saint des saints du journal. Il fut accueilli bruyamment par de grandes claques dans le dos.

- Ah Monsieur Flum! Notre nouveau chasseur de scoops! Asseyez-vous!

Les deux hommes s'installèrent, et Edgar tenta d'éviter les postillons. Après quelques minutes de discussions convenues, on en vint au sujet.

- Je veux que vous partiez en Zorcades et que vous me pondiez un papelard sur Gatline. Il a pris sa retraite politique et nous n'entendons plus parler de lui. C'est bien dommage, le personnage est atypique, et il nous faisait vendre.

Avec professionnalisme, Edgar demanda l'angle d'attaque de son futur article.

- Déterrez-moi quelque chose de vendeur. Faites ce que vous faites le mieux, fouillez la m..., et ramenez moi un zcoop !

Edgar eut un sourire courtois à l'égard de son chef, et après quelques minutes, il fut congédié par celui-ci, et un autre pigiste prit sa place. Il se retrouva à nouveau dans la jungle du Zozolulu Zun. Le sourire aux lèvres, il décida de se rendre directement à la gare pour réserver un billet de train vers la cote. En sortant du bâtiment, il expulsa les odeurs de cigare de ses narines et respira un grand coup.

De retour sur le terrain ! murmura t-il avec enthousiasme.

par Edgar Flum Mer 3 Fév 2016 - 20:10

Edgar passa devant tous les pigistes qui patientaient devant le bureau du rédacteur-en-chef. Il fit savoir son identité à a la secrétaire et l'informa que son entrevue avec le grand chef ne devait souffrir d'aucun délai.

Quelques minutes plus tard, Edgar était face à son chef. Il lui brossa la situation en quelques lignes. Le rédacteur-en-chef tomba en arrière dans son fauteuil.

-Vous m'avez dégoté le scoop du siècle. Quelle affaire ! C'est d'un sordide ... ! Nos ventes vont exploser, Gatline est un homme fini.

Les deux hommes en trépignaient d'excitation.

- Oui, c'est le scandale du siècle. Et je crois que les gens ont le droit de savoir que le Feld-Maréchal est un détraqué. Seulement, vous n'ignorez pas que le journal et moi-même seront attaqués au nom du respect de la vie privée. Je pourrais leur opposer le droit à l'information, si vous me couvrez ...
- Vous serez couvert Edgar! Comme votre contrat le stipule. Le ZZ payera toutes vos amendes, s'il y en a, mais je doute que Gatline vous attaque. Son déshonneur va etre telle .. Il ne pourra plus paraitre à la Cour.
- Certes. Et ce sera heureux. Je m'abstiens de juger les personnes sur lesquelles j'enquete, mais si vous aviez vu son donjon ... Dégueulasse !
- J'imagine, répondit le rédacteur. Edgar, votre papier sur mon bureau, ce soir pour l'édition de demain ! Gare au coup de tonnerre !

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