Opération Faucon Blanc

Les monts enneigés de l'Helvetia reposaient immobiles, figés dans pour l'éternité dans l'attitude solennel des premiers jours du micromonde. La quiétude y régnait, son manteau blanc et immaculée s'accordait parfaitement avec le silence éternel des lieux.

Et tout à coup, comme s'ils bondissaient d'une crête, surgit une nuée d'hélicoptères zollernois. Un petit berger helvian en compta un, deux, trois, quatre, dix, quinze, vingt, une nuée !

Les deux premiers groupes filèrent vers la capitale. A 16h02, ils se posèrent sans encombre sur les toits des principales institutions nationales d'Aarosia. Simultanément, furent prises également les bâtiments abritant les médias principaux et les serveurs internets locaux qui furent mis hors-service. La résistance locale fut inexistante, la CSH répugnant à abriter une force militaire, même symbolique.

Peu avant, une escouade s'était posée au village de Bergensen. Avec une vivacité étonnante, les forces spéciales zollernoises assaillirent le lieu de toutes parts. Un bunker sécurisé se présenta à eux. Devant cette installation sensible, la CSH avait eu la présence d'esprit de placer quelques mercenaires étrangers. Ceux-ci tombèrent des nues, et n'offrirent qu'une résistance symbolique et ne firent que deux blessés légers chez les ZAZ. Désarmés, ils s'avouèrent valdisks.

A 17h05, le lieutenant Heisinger posa des charges explosives contre les portes blindées du bunker...

Au même moment, le régiment d'infanterie de ligne Royal-Zcanthélois força la frontière et prit possession de Flozzenberg où fut hissé le drapeau zollernois, puis le régiment se déploya sans rencontrer de résistance sur tout le territoire voué à l'annexion, c'est-à-dire jusqu'à l'Helvespree.

BAOUM !

Plus au nord, une immense explosion se fit entendre, et immédiatement, les ZAZ pénétrèrent en formation dans le bunker. Ces professionnels se déployèrent prenant tous les angles et couvrant leurs camarades. Un soldat pressa la gâchette et un garde scanthélois mourut d'une balle en pleine tête.

L'électricité revint, et l'immense machinerie du bouclier électromagnétique fut dévoilée. On sécurisa les lieux et le génie zollernois pénétra dans la pièce.

- Fichtre ! Jolie bécane !
- Belle chiotte !

Et les fourmis zollernoises s'affairèrent autour de l'immense structure. Un ZAZ cria

- Bingo !

Et il arracha du coup d'une Scanthéloise aux cheveux roses des clefs de lancement.

- Que fait-on chef ?

Un brouhaha se fit entendre à l'extérieur. Des camions arrivaient.

- On démonte, et on emporte !

Une longue file de camions blindés s'étira sur les routes du Kolstein. On fit une halte à Flossenberg où une dizaine d'habitants zollernois saluèrent avec des vivats la colonne blindé.

Déjà les Scanthélois avaient fui vers leur nouvelle frontière nationale. Le Zollernberg avait été généreux et leur avait donné de fabuleuses primes de départ, prélevées sur l'argent pris au Crassland. Déjà, les premiers colons et entreprises zollernoises arrivaient pour mettre en valeur le territoire.

La colonne fila vers l'intérieur du Kolstein et obliqua vers l'Ouest. Où serait remonté le bouclier ? En dehors d'une poignée d'officiels zollernois, nul ne le savait. Toujours est-il qu'une fois remis en état de fonctionner, le Zollernberg serait, littéralement, inexpugnable.