Ouverture des états du Kolstein

Le nouvellement nommé gouverneur Smith avait pris ses fonctions au palais des Gouverneurs en la place ducale de Kolstadt. Son père et son grand-père avait occupé ce poste avant lui. C'était désormais lui qui était investi des prérogatives gouvernorales. Le Gouverneur était une personnalité particulière, représentant du Grand-duc au niveau local, il l'était aussi de sa population auprès du Grand-duc. Bref c'était l'oeil et les oreilles du Souverain.

L'ouverture du conseil des états de Kolstein était toujours un petit évènement. L'on y retrouvait toute l'aristocratie locale. Parmi les personnalités courues de la presse régionale, il y avait la Baronne de Forzinger et le tout nouvel évêque de Kolstadt Monseigneur de Klausbourg.

Le Baron de Lezingham avait donc présidé à l'ouverture du Conseil des Etats du Kolstein. Sa première action en qualité d’exécutif local et libéral fut de faire voter par l'assemblée délibérante un vote de confiance après un discours de politique général :


"Messieurs les conseillers,


Notre projet pour la province de Kolstein n'est pas sans ambition, il répondra localement aux initiatives lancées par le gouvernement centrale avec l'exigence de discernement qui est le nôtre. C'est pourquoi en charge de la prévôté qui est dans la province que l'on nous a confié nous avons choisi de ne pas faire appliquer la circulaire ministérielle jusqu'à ce que les contours en soient préciser juridiquement.

Nous prendrons aussi des mesures afin que le Kolstein devienne une terre de liberté et d'entreprise où chacun des Kolsteinois pourra se sentir épauler et aider au moment les plus périeux de sa vie, face au risque de la maladie ou de l'infirmité, de la grossesse ou de la vieillesse. Ainsi nous comptons poursuivre l’œuvre de sécurité sociale entreprise par les précédants afin de mettre en place une caisse de sécurité sociale et d'une assurance chômage. Nous souhaitons la création de logement sociaux également réparties dans la province et la rénovation des quartiers défavorisés de Kolstadt. La province se fera aussi le partenaire d'un meilleurs dialogue social en instaurant de nouvelle règle d'attribution des marchés dans lesquels sera inclue l'actionnariat des ouvriers à l'entreprise. Nous mènerons une politique audacieuse pour l'emploi une banque d'investissement aura vocation à aider les entreprises en difficulté et de facilité la création d'entreprise.

Notre ambition pour la province est celle de l'entreprise et du travail, de la protection des droits fondamentaux et des libertés. Aussi nous souhaitons dès à présent soumettre notre nomination à votre approbation."

Monseigneur de Klausbourg en sa qualité d'ordinaire ecclésiastique du Kolstein était vice-président né de l'assemblée des états. Son conservatisme et son rigorisme moral était connu de tous. Il prit la parole à son tour afin d'user de son droit de réponse au gouverneur.

"Monsieur le Gouverneur,
Chers collègues,


Nous ne doutons pas de la nécessité d'aider les pauvres gens et de leur fournir une assistance nous mettons cependant en garde contre les procédés qui pourraient encouragés l'oisiveté et la paresse. Toutefois nous accueillons favorablement la nouvelle de la création d'une caisse de sécurité sociale avec la vigilance qu'exige notre rôle de représentant ecclésiastique de cette province. Les mesures économiques et sociales que vous proposez sont encourageantes. Cependant nous ne soutiendront pas votre candidature à l'heure où vous soutenez au prétexte de l'état de droit le marchandage des corps et le commerce de ses charmes. La moralité monsieur le gouverneur ne se négocie pas !"

L'évêque fut applaudi par les rangs conservateurs de l'assemblée provinciale. Un chef de file semblait être né.

La baronne offrait un visage impassible mais son entourage proche s'agitait déjà. Les Etats du Kolstein s'annonçaient prometteurs et vifs. Quelques échanges à voix basse eurent lieu :

"-Vous avez entendu Baronne?
-Il y va trop fort!
-Attaquer aussi frontalement le gouverneur!

- Ne vous en faites pas mes amis, ce Klausbourg ne vaut pas ses ancêtres. Je suppute que c'est un âne doté des pires oeillères qui soient, c'est un doctrinaire. Dans les circonstances actuelles, le temps et de tels personnages sont nos plus précieux alliés."


Certains libéraux firent une moue dubitative. Entendre une vieillarde parler du temps comme d'un allié, cela leur semblait un paradoxe fort curieux. La baronne attendait son tour pour s'exprimer, l'air serein. Quand Mgr de Klausbourg se rassit, elle lui adressa un large sourire.