Caserne de Zorkney-Harbour - Quartier des officiers de marine

par Capitaine Linman Mer 11 Juil 2012 - 0:49

- Quel sale con ce Babenberg.

Azhley Linman, capitaine de son état, reposa le journal sur la table du mess des officiers. L'un de ses subordonnés maugréa vaguement son accord, tout occupé qu'il était à jouer à la bataille navale.

Le capitaine poussa un soupir d'ennui. Premier de sa promotion à l'amirauté et promis à un brillant avenir, il n'avait jamais pensé attendre bêtement la gloire ainsi. Il en allait comme cela depuis la fin de la guerre. Son vaisseau, le N.S.A.R Marialyn, était à quai depuis la fin des hostilités et marins comme officiers se morfondaient dans l'ennui. La guerre avait été enivrante pour tous. Sur le vaisseau corsaire, fleuron de la flotte après le vaisseau amiral Nelzon, elle avait été fraiche et joyeuse.. La Mer Océane avait été un terrain de jeu excitant où on avait joué au chat et à la souris avec les frêles et mal commandés barcasses armaréennes et édoranaises. On avait pillé et brulé comme au temps ancien. Et puis, il y avait eu les belles amazones du Continent Sud. On y avait délicieusement pris connaissance des grands succès de l'armée zollernoise. La Grande-Oeuvre s'achevait, le Zollernberg était invaincue et ses débiles ennemis bêlaient la paix. En ce qui le concernait, Linman était devenue l'une des coqueluches de la nation juste après le Prince Zabrucksi, et Edorel Gatline.
Mais il y avait eu la défection du pouvoir civil. En ramenant son navire et ses hommes au Zollernberg, il avait contemplé la belle Zozolulu en proie aux flammes. Pour ces hommes qui n'avaient jamais été vaincus, l'affront avait été cuisant, la rancoeur envers le pouvoir conservateur solidement enraciné.
Linman, déjà farouchement panzollerniste en était devenu carrément ultra nationaliste. Ambitieux et patriote, le jeune homme brillant avait été atteint dans les deux grandes aspirations de sa vie. La rancœur et l'amertume l'avait profondément changé, il était devenu sombre, hargneux, ténébreux disaient les jeunes bourgeoises de Zozolulu.
Depuis la fin de sa campagne, il trainait en solitaire, en renâclant sa haine. Écumant les bordels et les échoppes, il ne trouvait plus de plaisir qu'entre les bras d'une ou plusieurs femmes.
Une autre source d'amusement résidait dans le duel ou les sports extrême. De temps à autre, il défiait en duel tel ou tel officier réputé libéral ou pacifiste. Il était vainqueur, tout le temps. Lorsqu'il avait bu, il arrangeait le type à mains nues.

- Je vous laisse les gars, je vais faire un tour à Heimweh.
- Héhé, on va taquiner une brunette, hein capitaine ?
- Plutôt deux q'une caporal.
- Prenez du bon temps, captain !